Unique en son genre, Apsley House fut la résidence londonienne d’Arthur Wellesey, plus connu sous le titre de « Duke of Wellington ». Commandant en chef des armées britanniques, il mena la Septième coalition à la victoire décisive, causant l’effondrement de l’Empire Français à la bataille de Waterloo, le 18 Juin 1815.
Aujourd’hui Apsley House est un musée où sont exposés des objets personnels du duc de Wellington et de Napoléon mais aussi une incroyable collection d’oeuvres d’art dont des chefs d’oeuvres de Vélasquez, le Corrège, Goya et Rubens.
Aspley House ou l’histoire de Number 1
Construit entre 1771 et 1778, Apsley House était initialement un bâtiment en briques rouges, demeure de Henry Bathurst, avocat et homme politique, connu sous le nom de Lord Apsley.
Située à l’entrée de Hyde Park, Apsley House, tient sa célèbre adresse, Number 1, London, de sa situation géographique, car elle était la première demeure qu’un voyageur apercevait en venant de l’ouest du péage de Knightsbridge.
En 1807, le marquis Richard Colley Wesley, ancien Gouverneur général des Indes, achète Apsley House qu’il redécore à grand frais, avant de s’y installer avec son épouse et ses enfants. Dix ans plus tard, le couple se sépare, et Wellesley proche de la faillite doit vendre Apsley House. C’est son célèbre frère Arthur Wellesley, duc de Wellington, vainqueur de la bataille de Waterloo – et futur premier ministre – qui pour résoudre les difficultés financières de son aîné, achète sa demeure pour £40 000.
Wellington confie les travaux à son ancien secrétaire, Benjamin Dean Wyatt qui modifie la façade en plaquant un portique corinthien en pierre de Bath, construit un nouvel escalier et la magnifique galerie Waterloo. C’est dans cette opulente pièce que sont est exposées de prestigieuses oeuvres d’art, et où est célébrée chaque année la défaite de Napoléon à l’occasion d’un banquet.
En 1947, le septième duc de Wellington fait don à l’État britannique d’Apsley House et de la collection de tableaux du 1er duc. Dans le cadre de cet accord, la famille Wellington conserve ses appartements privés à Apsley House et un musée ouvre au public en 1952 dans le reste de la demeure.
Aujourd’hui, Charles Wellesley, l’actuel duc de Wellington et neuvième titulaire de ce titre, vit toujours dans les appartements privés de ses aïeux et Apsley House est la seule demeure aristocratique de Londres encore utilisée aujourd’hui.
Souvenirs et trésors du duc de Wellington
Héros britannique, la réputation militaire du duc de Wellington s’est forgée avec ses spectaculaires victoires qui lui offrirent de nombreuses distinctions.
Symbole de ses titres et honneurs, les bâtons de maréchal qui sont de véritables objets d’art, emblèmes du pouvoir militaire, à l’instar des regalia royales et sacrées. Le maréchalat n’est pas un grade mais une dignité dont l’armée britannique confère à Wellington avec le titre de Field Marshall après la bataille de Vitoria, qui met fin à l’occupation de l’Espagne par Napoléon Ier.
Outre l’Angleterre, Wellington reçoit le titre honorifique de maréchal, ou de son équivalent, dans les armées de six autres pays ( Autriche, Portugal, Hanovre, Pays-Bas, Prusse et Russie), dont il portait selon l’occasion, l’uniforme et le bâton de chaque nation. Pour la première fois, le public peut observer au cours d’une exposition, cinq des uniformes portés par Wellington accompagnés des ses décorations militaires et d’un bicorne.
Ses bâtons de maréchal sont, quant à eux, exposés au rez-de-chaussée au musée Wellington où se trouvent également de magnifiques pièces en porcelaines de Sèvres, des étendards et de nombreux souvenirs de guerre ou cadeaux de monarques européens, reconnaissants pour les exploits militaires de Wellington.
Mais la pièce la plus spectaculaire de ce musée est The Wellington Shield, un bouclier de 103 cm de diamètre, en argent doré représentant en son centre Wellington à cheval et tout autour ses campagnes victorieuses.
Apsley House compte des objets personnels de Wellington dont certains sont quelque peu insolites. À l’instar de ses pantoufles et son bonnet de nuit en laine incroyablement conservés. Selon la légende, il portait précautionneusement ce bonnet, pour protéger ses oreilles du froid, qui selon lui, exacerbait sa perte auditive.
De tous les objets personnels du duc de Wellington, le plus saugrenue est sans aucun doute son dentier en or clinquant, fabriqué sur-mesure et dont ses ressorts assuraient plus de confort à son propriétaire.
Apsley House et son incroyable collection d’oeuvres d’art
La collection d’oeuvres d’art rassemblée par le duc de Wellington est exceptionnelle par sa richesse et sa qualité. Elle fut acquise grâce à ses succès militaires qui lui permirent de recevoir de nombreux cadeaux officiels des nations reconnaissantes.
Parmi ses victoires qui lui confèrent reconnaissance et pourvoir, la bataille de Vittoria en 1813 qui renverse Joseph Bonaparte, roi d’Espagne, et marque la fin de l’occupation française par Napoléon Ier en Espagne et le retour de Fernand VII sur le trône.
De cette bataille, le général Arthur Wellesley, futur duc de Wellington, ramène comme butin quelques 200 tableaux de la collection royale espagnole, volés par Joseph Bonaparte, alors en fuite.
Libéré de prison et de nouveau roi d’Espagne, Ferdinand VII offre au général anglais en guise de remerciement son incroyable collection de tableaux comprenant des œuvres de Vélasquez, Goya, le Corrège et Rubens.
De ces 200 tableaux, 83 sont aujourd’hui toujours exposés à Apsley House dont le portrait équestre du duc de Wellington de Francisco Goya exposé dans la Portico Drawing Room, ou encore le Vendeur d’eau de Séville, l’une des plus célèbres peintures de jeunesse de Velázquez que l’on peut admirer dans la magnifique Waterloo Gallery.
Cette opulente pièce de 28 mètres de long qui s’inspire de la galerie des glaces de Versailles, est un véritable musée d’art qui commémore les victoires des monarchies européennes sur la France révolutionnaire et impériale. Ce triomphe était célébré chaque année dans cette galerie à l’occasion du banquet de Waterloo où le duc de Wellington invitait le monarque, des ducs royaux, des ambassadeurs étrangers et des généraux, à se réunir pour commémorer la défaite de Napoléon.
Après la bataille de Waterloo, Wellington enrichit sa collection d’oeuvres d’art en achetant des tableaux, sculptures et porcelaines auprès d’artistes de renom.
Parmi ses acquisitions, son portrait réalisé par Sir Thomas Lawrence; le portraitiste le plus célèbre de la Régence anglaise exposé dans la Piccadilly Drawing Room, ou encore Les pensionnaires de Chelsea lisant la dépêche de Waterloo de David Wilkie, l’oeuvre la plus onéreuse qu’ait commandée Wellington.
Napoléon et Waterloo au coeur d’Apsley House
L’une des oeuvres les plus célèbres et spectaculaires d’Apsley House est incontestablement la sculpture d’Antonio Canova, Napoléon en Mars désarmé et pacificateur, qui impressionne tant par la taille démesurée de l’empereur que par son simple appareil.
Ce marbre immaculé de 3,45m de haut (observez la photo, pour information je mesure 1m72 !), est considéré comme l’une des sculptures de nus masculins les plus parfaits de l’histoire, le représentant sous les traits d’Auguste, tel un dieu grec.
Commandé par Napoléon lors de son premier consul, l’œuvre a été sculptée dans un seul bloc, à l’exception du bras gauche, et a été achevée à Rome en 1806.
Présentée à l’Empereur en 1811, il la refusa la trouvant alors trop athlétique et divinisée à son goût.
Napoléon est en effet idéalisé dans une nudité triomphante qui saute à l’oeil du spectateur, alors face à face à une feuille de vigne qui se trouve à la hauteur de son regard ! Une feuille aux dimensions plutôt modestes, si l’on considère le gigantisme de l’œuvre. Mythe ou réalité ?!
En 1816, le gouvernement britannique achète au roi Louis-Philippe, pour 66 000 francs la sculpture, jusqu’alors entreposée dans la salle des Hommes Illustres au musée Napoléon, (aujourd’hui Le Louvre) et l’offre au duc de Wellington.
Elle est depuis exposée à Apsley House, au pied du grand escalier en colimaçon, l’unique lieu pouvant accueillir une oeuvre de cette envergure mais dont le sol a dû être renforcé pour supporter le poids de la statue.
Surnommé le Duc de Fer à l’issue de la bataille de Waterloo, Wellington ne cachera pas son admiration pour Napoléon.
Aujourd’hui encore, Apsley House compte des reliques Napoléoniennes, des objets personnels et portraits de l’empereur, de Joséphine et de son frère, ou encore des oeuvres célébrant la bataille de Waterloo.
Parmi les objets les plus étonnants, l’épée que portait Napoléon à Waterloo, son masque mortuaire mais aussi un service égyptien en porcelaine de Sèvres, cadeau de Napoléon à l’impératrice Joséphine, après leur divorce.
Présent qu’elle refusa mais dont le duc Wellington reçu en cadeau de Louis XVIII dont on peut lire sa lettre ayant accompagnée le service, tout deux exposés à Apsley House.
Les références à Napoléon et à la bataille de Waterloo sont récurrentes à Apsley House, au point de méduser le visiteur face à de nombreux portraits de l’empereur et de ses proches.
Apsley House pourrait tout aussi bien être un mémorial à Napoléon qu’un musée à la gloire de Waterloo. En effet, la bataille résonne dans de nombreuses pièces, célébrée dans la Gallery éponyme ou à travers des objets et tableaux.
À l’instar de la Bataille de Waterloo de Sir William Allan, considéré comme l’un des tableaux de bataille les plus précieux jamais peints. Il représente la bataille du point de vue de l’armée française, le 18 juin 1815 à 19h30, à un moment où les troupes de Wellington sont en difficultées et où le général murmure « Donnez moi Blücher ou donnez moi la nuit… »
Rappelons que les forces françaises sont en supériorité numérique face aux troupes britanniques, prussiennes, néerlandaises et belges commandées conjointement par Wellington et le feld-maréchal prussien, Von Blücher.
L’empereur est convaincu que sa victoire est imminente : « Je vous dis que Wellington est un mauvais général, que les Anglais sont de mauvaises troupes et que ce sera l’affaire d’un déjeuner.» Nonobstant, les 34 000 soldats de Blücher déferlent sur les Français qui attendent les renforts du maréchal Grouchy.
C’est la débandade et à vingt heures et quinze minutes, Napoléon ordonne la retraite. Il retourne à Paris, où il abdique en faveur de son fils le 22 juin 1815. Un mois après la bataille, Napoléon se livre aux Britanniques, et est banni sur l’île britannique de Sainte-Hélène, dans l’océan Atlantique.
Ce tableau exposé dans la Striped Drawing Room, représente au premier plan à droite, Napoléon sur son cheval blanc, jouant sa dernière carte pour retourner la bataille en sa faveur. Grâce aux annotations de l’artiste au dos de la toile, on peut trouver la silhouette de Wellington, à gauche de l’oeuvre et au fond du champ de bataille, représentée avec son état-major, derrière la batterie du capitaine Bolton, au moment où il ordonne aux troupes d’avancer.
Wellington a acheté ce tableau en 1843 et aurait exclamé en le voyant pour la première fois « Good, not too much smoke. » (« Bien, pas trop de fumée »).
Wellington chantre de Napoléon ou persifleur ?
Informations pratiques
- Ne faites pas l’impasse sur l’audio-guide (compris dans le prix du billet) dont les explications en français sont très intéressantes.
- Compter au minimum 1 heure de visite.
- Photographies sans flash autorisées.
- Musée pas adapté pour les personnes à mobilité réduite.
Comment réserver la visite d’apsley House ?
Réservez votre visite d’Apsley House sur le site de GetYourGuide, pour payer en euro, ne pas avoir de frais bancaires et bénéficiez de l’annulation gratuite si besoin.
Quelles sont les heures d’ouverture ?
Apsley House est ouvert du mercredi au dimanche de 11h00 à 17h00.
Le planning pouvant évoluer, veillez à vérifier sur le site les informations.
Où se trouve Apsley House ?
Apsley House se trouve à quelques mètres de Hyde Park Corner face à Wellington Arch, un arc de triomphe commandé par le roi George IV en 1825 pour commémorer les victoires britanniques durant les guerres napoléoniennes.
Adresse : 149 Piccadilly, Londres W1J 7NT
Métro | Bus |
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Hyde Park Corner | 2, 8, 9, 10, 14, 16, 19, 22, 36, 38, 52, 73, 74, 82, 137 |
Conclusion
Peu connu des touristes, Apsley House est une visite instructive et point fastidieuse qui passionnera les amateurs d’histoire britannique, napoléonienne mais aussi d’histoire de l’art.
Ne faites pas l’impasse sur l’audioguide dont les explications en français de Charles Wellesley, 9ème duc de Wellington offrent un témoignage passionnant sur un héros cher aux anglais et peu ou prou connu des français.
Autant vous dire, que les visiteurs français sont rares, pour preuve la réaction quelque peu amusée du personnel de voir une frenchy sur les lieux !