Situé à Greenwich, quartier de l’est de Londres, sur les rives de la Tamise, l’Observatoire Royal de Greenwich est connu dans le monde entier pour son méridien, dont la longitude est définie comme égale à 0° et divisant le globe en deux hémisphères est et ouest.
Fondé en 1675 par le roi Charles II, l’Observatoire Royal de Greenwich a été l’un des centres de recherche scientifique les plus importants au monde en astronomie et en géographie.
Sa visite permet d’approcher d’impressionnants télescopes, de contempler de magnifiques horloges et de comprendre comment l’évolution de la mesure du temps à travers l’observation des étoiles a permis de faciliter la navigation en mer.
L’histoire de l’Observatoire royal de Greenwich
Fondé en 1675 sur ordre du roi Charles II, la construction de l’Observatoire Royal de Greenwich est une réponse politique à l’ouverture huit ans plus tôt, de l’Observatoire de Paris. En outre, avec l’ouverture de nouvelles routes commerciales entre l’Europe, l’Asie, l’Afrique et les Amériques, l’amélioration de la navigation en mer représente un enjeu politique et économique.
Afin de perfectionner l’art de la navigation, Charles II crée le poste d’Astronome Royal, et nomme John Flamsteed qui a pour mission de donner aux navigateurs anglais, les moyens de repérer leur longitude avec exactitude à l’aide de la position des étoiles.
Christopher Wren, célèbre architecte mais aussi professeur d’Astronomie, choisit le sommet de la colline de Greenwich pour la construction de l’observatoire. Culminant à presque 63 mètres d’altitude et situé à la périphérie de Londres, l’observatoire bénéficiera d’une vue dégagée et non altérée par la pollution de la capitale pour l’observation des étoiles.
L’observatoire est construit à l’emplacement de Greenwich Castle, un ancien pavillon de chasse d’Henry VIII, proche du palais de Placentia, qui permettait au roi de retrouver facilement ses maîtresses où il les logeait.
Peu enclin à la dépense, Charles II exige que la construction de l’édifice ne coûte pas plus de £500 à la couronne. Ainsi, pour pallier à ces contraintes budgétaires et faire des économies, on vend de vieux stocks de poudre à canon avariés et on réutilise d’anciens matériaux, comme des briques provenant du fort de Tilbury ainsi que du bois, de la ferraille et du plomb récupérés suite à la démolition récente d’une loge de la Tour de Londres. (Source).
Le budget est respecté à £20 près, et le 10 juillet 1676, Flamsteed et ses deux assistants s’installent dans le nouveau bâtiment pour mener leurs recherches et réaliser une carte des étoiles plus précise. Mais ils disposent de peu de moyens financiers et de matériel. Flamsteed doit utiliser ses instruments personnels, et même en fabriquer certains et à ses propres frais.
Malgré de faibles moyens et peu d’instruments il obtiendra des résultats remarquables.
Qu’est-ce que le méridien de Greenwich ?
Rappelons que les méridiens et les parallèles sont des lignes imaginaires qui se coupent toujours à angle droit et permettent de définir les coordonnées géographiques (latitude et longitude) de tout point terrestre.
L’Équateur fixe naturellement le point zéro des latitudes, mais jusqu’à la fin du XIXème siècle, il n’existait pas de référence naturelle fixant l’origine des longitudes. Ainsi chaque pays avait son heure locale et au sein même d’un état, deux villes pouvaient avoir des heures différentes.
Mais avec la multiplication des échanges, du commerce et le développement du chemin de fer et des réseaux de communication dans les années 1850-1860, il devient indispensable d’établir une heure standard universelle, et donc un “méridien origine” international qui servirait de référence aux autres.
En 1884, la Conférence internationale du méridien réunit vingt-cinq pays à Washington pour déterminer un méridien zéro. Trois propositions sont soumises au vote des participants :
- Le méridien de Fero, situé sur l’île de Fer aux Canaries, utilisé par le passé comme méridien d’origine en Europe.
- Le méridien de l’Observatoire de Paris, calculé par François Arago et qui traverse la France de Dunkerque à Perpignan.
- Le méridien de l’Observatoire de Greenwich, situé au sud-est de Londres.
Au vote final, vingt-deux pays votent en faveur du méridien de Greenwich comme référence universelle, la République dominicaine s’oppose à cette valeur et la France et le Brésil s’abstiennent.
À cette époque, la Grande-Bretagne est la première puissance économique et maritime; et ce méridien est déjà utilisé par toutes les colonies britanniques et par tous les navires anglais et américains, soit plus des deux tiers de ce qui constituait alors le commerce international.
Somme toute, le méridien de Greenwich est une ligne imaginaire qui traverse le globe du nord au sud sur 20.000 kilomètres, sert de référence internationale aux 179 autres méridiens et fixe le point de départ des fuseaux horaires du monde entier.
Aujourd’hui, le premier méridien de Greenwich est marqué par une ligne métallique traversant la cour de l’observatoire, ainsi en enjambant cette ligne, vous passerez d’un hémisphère à l’autre !
Pour voir le méridien, il n’est pas nécessaire de visiter l’observatoire et de payer l’entrée car il est également matérialisé sur le mur extérieur du musée et au sol; et par conséquent visible du public. Pour le voir, prenez le chemin à droite situé juste avant les grilles et la Shepherd Gate Clock.
Depuis le 16 décembre 1999, le méridien de Greenwich est matérialisé la nuit par un faisceau laser visible sur un rayon de 20 km.
Dernière révélation, selon une étude de l’université de Virginie, aux États-Unis publiée en 2015, le méridien de Greenwich serait 102,5 m trop à l’ouest. La cause ? Une erreur des scientifiques de l’époque, n’ayant pas pris en compte le fait que la Terre était ronde. Ainsi, le télescope qui pointait vers l’espace n’était pas parfaitement perpendiculaire, du fait de la courbe de la terre et du terrain.
La véritable position du méridien de Greenwich a été rectifiée par les satellites en 1984, mais il n’a jamais été officiellement déplacé. Par conséquent la ligne matérialisée dans la cour de l’observatoire n’est donc pas la véritable longitude zéro !
Que voir à l’Observatoire Royal de Greenwich ?
Shepherd Gate Clock
Installée en 1852 à l’entrée de l’Observatoire Royal de Greenwich, la Shepherd Gate Clock est la toute première horloge publique à afficher l’heure moyenne de Greenwich (GMT), sur 24 heures.
Cette horloge porte le nom de son inventeur Charles Shepherd qui mis au point l’un des premiers systèmes d’horloges électriques au monde, présentée lors de la première Exposition Universelle de 1851 à Londres.
Flamsteed House
Flamsteed House, fut nommée ainsi en référence au premier astronome royal, John Flamsteed, chargé par Charles II d’établir une carte céleste pour déterminer les longitudes et aider à la navigation.
En 1833 est installée au sommet de l’observatoire, une boule appelée Time Ball (boule horaire) qui permettait aux marins de régler leur montre à l’heure GMT (Greenwich Mean Time) avant d’appareiller, et déterminer leur longitude afin de calculer précisément leur position en mer.
À l’époque, la boule qui était en bois et en cuir, avait un diamètre de cinq pieds (soit 1,524m), et était hissée et lâchée manuellement de la salle Octogone. Puis de 1852 jusqu’au milieu des années 1990, la chute de la boule horaire est contrôlée par l’horloge électrique Shepherd Gate Clock, toujours visible à l’entrée de l’observatoire.
Aujourd’hui, le fonctionnement de la Time Ball est entièrement automatique et une horloge à quartz radiocommandée contrôle la synchronisation du signal. On peut observer les trois étapes du signal de Greenwich, tous les jours à l’exception des jours trop venteux qui se déroule de la façon suivante : à 12h55, la boule est hissée à mi-hauteur du mât puis à son sommet à 12h58 avant de tomber à 13h précises.
Octagon Room
C’est à l’intérieur de la Flamsteed House, que se trouve l’Octagon Room, qui est aujourd’hui l’un des rares intérieurs conçus par Wren encore visibles à Londres.
Non alignée sur le méridien local, la salle octogonale n’était pas adaptée aux recherches de Flamsteed pour mesurer la position des étoiles, et fut utilisée pour l’observation de phénomènes célestes tels que les comètes et les éclipses.
En effet, le bâtiment ayant été construit sur les fondations d’une ancienne tour, il n’était pas orienté correctement, et pointait vers l’ouest.
Dépité, Flamsteed installa son poste d’observation à l’extérieur, dans un petit hangar où il mesura durant quarante trois ans le transit des étoiles à l’air froid de la nuit.
Aujourd’hui, l’Octagon Room abrite des horloges historiques et des instruments astronomiques. Parmi ces instruments, on peut observer un quadrant mobile de navigation qui permettait de mesurer la hauteur angulaire de l’étoile observée.
Le quadrant exposé est une version réduite de l’original et appartenait autrefois aux écoles de l’hôpital de Greenwich qui disposaient d’un observatoire astronomique.
John Harrison H4 – L’incroyable défi des chronomètres de Marine
Amateurs d’horlogerie, vous ne serez pas insensibles devant le chronomètre original H4 de John Harrison. Cet horloger autodidacte a marqué l’histoire de l’horlogerie mondiale en inventant le premier chronomètre de marine. Cette invention permettait ainsi aux marins de mesurer avec précision la longitude et ainsi éviter les naufrages.
Avec la colonisation européenne des Amériques et le premier tour du monde par l’expédition commandée par Ferdinand de Magellan, les océans s’étendent considérablement et les marins ont plus que jamais besoin de connaître leur position exacte.
Pour se faire, il leur est indispensable d’avoir une montre capable de donner l’heure par exemple, l’heure de Greenwich, afin que le navigateur dispose toujours d’un point de référence précis. Comme il y a quatre minutes de décalage horaire entre chaque ligne de longitude, le navigateur pouvait calculer sa position longitudinale en comparant l’heure de Greenwich à l’heure locale.
John Harrison crée une série de cinq chronomètres baptisés H, et dont chaque chiffre révèle un nouveau modèle et ses avancées techniques. Il mettra cinq ans pour imaginer et fabriquer en 1736, son premier chronomètre, H1 et passera 19 ans de sa vie à créer et peaufiner des chronomètres précis et robustes à l’environnement marin, capables de résister à la houle, à l’humidité et aux fortes variations de température qui peuvent altérer le calcul de la longitude.
Pour la première fois, le H4 présente la particularité d’être une montre de poche de seulement 13 cm de diamètre, mais les tests en mer révèlent des erreurs entre 5 et 39 secondes. Pour remédier à ces erreurs, Harrison met au point le H5 dont les résultats sont époustouflants avec un décalage que d’un tiers de seconde par jour !
Aujourd’hui les chronomètres H1, H2, H3 et H4 sont exposés à l’Observatoire de Greenwich tandis que le H5 est visible au Science Museum de Londres.
The Meridian Observatory
En 1749 James Bradley, reçoit des fonds pour construire un nouvel observatoire pour accueillir de nouveaux instruments qui permettront jusqu’à la fin des années 50 de mesurer la hauteur des étoiles et autres objets célestes.
Aujourd’hui on peut encore voir des instruments d’époque tels qu’un transit et deux télescopes.
The Bradley Transit Room
James Bradley est le troisième directeur de l’Observatoire de Greenwich, et succède en 1742 à Edmund Halley comme astronome royal.
En 1749, il installe un nouvel instrument de transit (petit télescope, extrêmement précis pivotant verticalement) avec lequel il défini une nouvelle ligne nord-sud appelée aujourd’hui « méridien de Bradley », qui fut utilisé comme longitude 0°, pour la première carte d’état-major en 1801 et restera le premier méridien national britannique jusqu’en 1850.
Télescope Airy Transit Circle
En 1850, George Biddell Airy, septième astronome royal, conçoit le télescope Airy Transit Circle, avec lequel il définit un an plus tard, le méridien de Greenwich.
Ce télescope a été utilisé pendant plus d’un siècle pour faire environ 600 000 observations.
Le grand télescope équatorial
Toujours à l’intérieur du Meridian Observatory, un escalier en colimaçon nous mène vers the Great Equatorial Telescope ou Grand Télescope Équatorial, qui est avec ses huit mètres de long, le plus grand télescope du genre au Royaume-Uni.
Conçu en 1893, il était à l’origine utilisé pour l’astrophotographie, puis servi pour mesurer les étoiles doubles.
Avec le Grand Télescope Équatorial, les astronomes de l’Observatoire de Greenwich mesuraient plus de 600 paires d’étoiles chaque année qui sont aujourd’hui plus de 150 000.
Altazimuth Pavilion
Construit en 1899, ce pavillon porte le nom du télescope qu’il abritait à l’origine « altazimuth ».
Depuis à sa rénovation en 2017, le pavillon accueille un télescope de pointe, nommé Annie Maunder, en hommage à cette astronome nord-irlandaise, première femme élue membre de la Royal Astronomical Society, en 1916.
Utilisé pour la sensibilisation du public à l’astronomie et pour la recherche scientifique, ce télescope astrographique capture des images haute résolution du soleil, de la lune et des planètes.
Au rez-de-chaussée du pavillon, une exposition présente l’histoire d’Annie Maunder qui a rejoint l’Observatoire de Greenwich après avoir réussi en 1891 avec brio ses examens à l’Université de Cambridge, à une époque où Cambridge ne décernait pas de diplômes aux femmes, mais les compétences en mathématiques d’Annie lui ont valu l’un des rares emplois rémunérés en astronomie ouvert aux femmes.
Le pavillon n’est pas toujours ouvert au public mais il est possible de consulter les observations sur Youtube.
Planétarium Peter Harrison
Ouvert en 2007, ce planétarium de 120 places présente plusieurs fois par jour des simulations époustouflantes du ciel. Installez-vous dans un siège inclinable pour un voyage dans l’Univers.
Cette expérience est également ouverte aux enfants à partir de l’âge de 7 ans.
Les spectacles du planétarium et les billets d’entrée à l’Observatoire de Greenwich doivent être réservés séparément.
Informations pratiques
- Audio-guide gratuit en français, téléchargez l’application Smartify sur l’App Store d’Apple ou d’Android.
- L’entrée pour le Planétarium Peter Harrison n’est pas comprise dans la visite de l’Observatoire.
- L’ Astronomy Café propose des boissons et des encas.
- Compter au minimum 1h30 heure de visite.
- Photographies sans flash autorisées.
- Bien que le musée soit adapté aux personnes à mobilité réduite, consultez toutes les modalités.
- Toilettes et change bébé
- Il est possible de voir le méridien de Greenwich sans payer l’entrée. En montant vers l’observatoire, empruntez le chemin réservé aux piétons et délimité par une grille noire, vous apercevrez au sol la ligne matérialisant le méridien de Greenwich.
Comment réserver la visite de l’Observatoire de Greenwich ?
Réservez votre visite de l’Observatoire de Greenwich, sur le site de GetYourGuide, pour payer en euro, ne pas avoir de frais bancaires et bénéficiez de l’annulation gratuite si besoin.
Réservation conseillée.
Quelles sont les heures d’ouverture de l’Observatoire de Greenwich ?
L’Observatoire de Greenwich est ouvert tous les jours de 10h00 à 17h00. Dernière admission à 16h15.
Fermé du 24 au 26 décembre.
Le planning pouvant évoluer, veillez à vérifier sur le site les informations.
Où se trouve l’observatoire de Greenwich ?
À une dizaine de kilomètres au sud-est de Londres, Greenwich est un charmant quartier au bord de la Tamise, connu pour son riche patrimoine maritime. Autrefois, lieu de villégiature royale, Greenwich était aussi l’un des sujets de prédilection des peintres William Turner et Canaletto.
Aujourd’hui, le quartier attire des milliers de visiteurs pour sa douceur de vivre, ses musées et son magnifique parc qui offre une magnifique vue sur Londres. Faites-y une escapade en famille le temps d’une journée pour découvrir un autre visage de Londres !
Parmi les incontournables, le National Maritime Museum, Greenwich Market, le Cutty Sark, The Old Royal Naval College, Queen’s House et Greenwich Park.
Toutes les informations dans l’article : Greenwich : que visiter dans ce village au bord de la Tamise ?
L’Observatoire de Greenwich se trouve au sommet de la colline de Greenwich Park où l’on peut contempler une vue panoramique de Londres.
Pour vous rendre à Greenwich, vous pouvez prendre le Docklands Light Railway ( DLR), descendre à la station Cutty Sark
(zone 2) et marcher 10 min jusqu’à l’observatoire.
Vous pouvez également emprunter le Uber Boat et descendre à Greenwich Pier qui se trouve juste en face du voilier Cutty Sark.
Pour rappel, vous pouvez utiliser votre Oyster Card, Travelard et carte bancaire pour monter à bord.
Adresse : Blackheath Avenue, Londres SE10 8XJ
DLR | Bus | Navette fluviale |
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Cutty Sark, Greenwich station | 53, 54, 177, 180, 188, 199, 202, 286, 380, 386 | Greenwich Pier |
Conclusion
Au XXème siècle, le brouillard et la pollution lumineuse de Londres ne permettent plus d’observer le ciel étoilé, et le passage des trains à proximité interfèrent avec certains instruments scientifiques.
Vaincus par les fumées et les perturbations électromagnétiques, les astronomes quittent l’Observatoire de Greenwich en 1957 pour continuer leurs recherches au château de Herstmonceaux dans le Sussex, puis à Cambridge.